Analyse et textes divers

Vivres de Survie.

KE de Mgr Williamson . Numéro 484.

Lorsque les institutions catholiques tombent en ruine,
Les prêtres doivent aider les foyers à absorber les coups.

 

Dans les affaires militaires, il est normal pour les généraux et les soldats de mener le combat plutôt de la dernière guerre que de la guerre présente. Qui eût pu imaginer les tranchées avant la Première Guerre ? Pourtant au moment de la Deuxième Guerre, le développement des chars blindés entre les deux grandes Guerres avait rendu obsolètes les tranchées. De même dans les affaires religieuses. Le XXIe siècle n’est plus le XXe. Les Catholiques qui résistent depuis 2012 sont imprudents s’ils espèrent rétablir aujourd’hui ou voir s’étendre quelque chose comme la Fraternité Saint Pie X du siècle passé. Par exemple, de deux actuels « Résistants » de pointe nous viennent une lamentation générale et une particulière, dont l’une et l’autre manque peut-être de sagesse . . .

La lamentation générale est que la « Résistance » s’écroule plutôt qu’elle n’avance. Ces Commentaires entourent souvent le mot « résistance » de guillemets, précisément pour suggérer que la résistance catholique à la Conciliarisation de la Fraternité n’a encore que peu d’une organisation et reste plutôt un mouvement vague, quoiqu’avec un but précis, à savoir, préserver la Foi catholique, mais elle manque encore de structure pour l’y aider. Pourtant que les « Résistants » prennent courage, car l’homme propose, mais c’est Dieu qui dispose, en sorte que ce qui semble une faillite humaine n’en est pas nécessairement une du point de vue du Bon Dieu.

Aussi dans les années 1970, Mgr Lefebvre se proposait-il de rassembler une demi-douzaine d’Évêques catholiques pour faire barrage aux Conciliaristes qui étaient en train de détruire l’Église, mais Dieu en disposa différemment. Dans ce qu’il s’était proposé, l’Archevêque devait échouer, mais en essayant il allait réussir à bâtir un corps de garde mondial pour sauvegarder les richesses infinies de la doctrine de l’Église, de sa Messe et de sa prêtrise pour des temps meilleurs. De même, il y a maintenant des « Résistants » qui se proposent d’établir un remplacement pour la Fraternité en danger, et leur faiblesse apparente (au moins jusqu’ici) peut suggérer qu’un remplacement fort n’est pas encore dans les plans ou les dispositions du Bon Dieu. Mais en essayant, les « Résistants » aident certainement à assurer la survie de la Foi catholique, ce qui est certainement une disposition de la Providence.

La lamentation particulière est que si seulement la « Résistance » avait des écoles, bon nombre de parents de la Fraternité afflueraient dans ses rangs alors qu’ils ne peuvent le faire pour l’instant, car leurs enfants seraient immédiatement renvoyés des écoles de la Fraternité auxquelles il n’y a pour le moment aucune alternative convenable. Mais encore, c’est au XXIe siècle que nous combattons pour la Foi, et pas au XXe. Dans les années 1980, il y avait assez de parents, de professeurs et de prêtres catholiques partageant les mêmes valeurs pour former ce cadre triangulaire au sein duquel les enfants sont presque obligés à grandir dans le droit chemin. Mais aujourd’hui ? Dans une école de garçons de la Fraternité on apprend qu’une épidémie dans ses murs de ce péché contre nature qui crie vengeance au Ciel a causé de sérieuses difficultés. Mais quels murs peuvent empêcher des adolescents de connaître la glorification de ce péché parmi la masse des adultes mâles de leur pays, avec cette fabrication d’un mot tout nouveau pour condamner le nouveau « vice » de sa condamnation – l’« homophobie » ? Et depuis quand les adolescents n’imitent-ils pas les adultes ? En réalité, comment n’importe qui peut-il faire marcher un collège de garçons depuis l’invention de l’Internet, accessible depuis sa poche  ? On en vient à se poser la question : des institutions catholiques sont-elles encore possibles de nos temps ?

Dans la guerre de religion actuelle, l’ordre du jour est sûrement celui des vivres essentiels, c’est-à-dire le strict nécessaire pour la survie du soldat, ici pour la survie de la Foi. Cette guerre doit être gagnée à la maison, ou elle sera perdue. Dieu donne aux parents un pouvoir naturel pour former leurs enfants qui dépasse, disons par cinq contre deux, le pouvoir de toute institution pour les déformer, mais à condition que les parents prennent en main leur pouvoir. Un petit gouvernail peut conduire un grand bateau mais pas si le timonier le laisse aller. Si les parents ne prennent pas en main leurs enfants, ils ne peuvent blâmer le monde s’il les conduit en Enfer. Et si les parents dans les écoles de la Fraternité ont voulu que leurs enfants soient formés plutôt pour le monde que pour le Ciel, cela n’explique-t-il pas en partie la gl issade dangereuse de la Fraternité ?

Kyrie eleison.

La Détresse des Catholiques

par S.E. Mgr Richard Williamson

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Mgr Williamson près de Bordeaux

Que Dieu veut-Il de vous et de moi ?
Que nous fassions notre possible, pas ce que nous ne pouvons pas.

Un monde qui veut de moins en moins de Dieu éreinte les Catholiques. Voici le cri du cœur d’encore un lecteur :

Je me demande comment il est possible de garder la foi dans la situation générale de l’Église d’aujourd’hui, où il manque absolument de bergers. Pendant quelques mois, nous avons pratiqué à la Fraternité Saint Pie X, ce qui nous a fait comprendre la valeur de la Tradition. En y étudiant l’histoire des difficultés de Mgr Lefebvre nous avons compris à quel point il est trahi. Nous avons suivi la « Résistance » à travers le site web Non Possumus. Mais l’abbé C. l’appelle la « Désistance », et durant quelques mois il nous a trompés. Détrompés, nous avons quitté son groupe. Maintenant, on ne peut plus aller à la Fraternité car ils insistent pour qu’on se joigne à certaines activités, à des réunions d’enfants de chœur, etcetera. Ils veulent des renseignements sur nous et pour les obtenir nous envoient des couples mariés engagés à plein dans la Fraternité. Devant eux nous devons nous efforcer de ne rien dire qui nous empêcherait de recevoir la sainte Communion, comme cela arrive à certaines personnes, accusées d’être « contre le Pape François » ou « pour la Résistance ». Actuellement nous allons à l’Église catholique Maronite, car là au moins la Consécration est valide. Mais on est déçu de constater qu’ils acceptent Vatican II en général, et ils m’ont demandé de permettre à mes filles de servir à l’autel. Lorsque j’ai refusé, ils m’ont dit : « Nous sommes tous des enfants de Dieu » avec d’autres arguments pareils, pour empêcher que nous discriminions contre les femmes servant à l’autel.

Je n’ai personne à qui aller pour la Confession. J’ai des luttes continuelles au travail où je ne cesse de parler de Dieu et des événements actuels, en dépit du fait que l’école étant séculière et séculariste, le personnel est employé de l’État. Suivant votre conseil de nous retirer dans l’ombre pour nous préparer à la descente dans les catacombes, je me méfie des contacts sociaux, mais il est difficile de se battre tout seul. Nous sommes maintenant en contact avec les gens du T.F.P. (Tradition, Famille, Propriété). Je ne suis pas sûr de leur doctrine. Mais que pouvons-nous faire ? La lutte pèse lourdement sur mes épaules. Dans cette école où je travaille il y a un professeur franc-maçon, que je sache. Bien qu’elle soit une école d’État, toute son orientation est religieuse, mais d’une façon seulement déiste, c’est-à-dire sans le Christ. Que puis-je faire ? Dans ce pays il ne reste plus rien, et on ne sait où donner de la tête.

Entre autres choses, je lui ai répondu que lorsque l’Église est entraînée sur le Chemin de la Croix pour y être crucifiée, comme cela arrive aujourd’hui, la seule façon de ne pas avoir à porter ne serait-ce qu’une écharde de cette Croix est de ne plus être Catholique. De toute évidence, ce lecteur veut rester Catholique pour aller au Ciel avec sa famille. Dès lors il ne devrait pas être surpris de se voir souffrir des échardes de la Croix de Notre-Seigneur. Le moment pour s’inquiéter pour de vrai, ce sera quand il se trouvera à l’aise dans ce monde qui nous entoure.

Quant à son lieu de travail, il n’y a pas grand-chose qu’il puisse y faire. Les contacts sociaux doivent être maintenus par la prière, la charité et l’exemple, car nous autres êtres humains nous sommes des animaux sociaux. En même temps n’épuisons pas notre énergie et ressources limitées en jetant des perles aux pourceaux. Notre Seigneur nous dit de ne pas condamner si nous ne voulons pas être condamnés, mais Il nous dit aussi de savoir discerner entre les loups et les véritables bergers (S. Mat VII, 15). Juger-condamner, non. Juger-di scerner, oui. Aussi, le Catholique se doit-il d’exercer son meilleur jugement sur la variété de prêtres et de laïcs qu’il rencontre dans le chaos de l’Église d’aujourd’hui. Et dans tous les cas, un père de famille doit aujourd’hui mener sa propre famille dans la prière des cinq Mystères du Rosaire en famille chaque soir (ou mieux, chaque matin). De cette façon-là il aura la garantie que Notre-Dame protégera sa famille, comme elle seule le peut, à travers n’importe quels graves événements qui nous sont réservés.

Kyrie eleison.